

MERAL BIREL KAHYA
FONDATRICE DE COTONI HOME
(2021 – 600 mots)
Tout juste sortie de l’adolescence, la voilà qui file à Paris, inscrite à l’école ESMOD, où elle validera tambour battant un double diplôme de styliste-modéliste, se passionnant pour l’arithmétique et la grammaire de la mode : « J’ai vite compris que la magie d’un vêtement, ce n’était pas qu’une affaire de dessin. »
Elle potasse l’anatomie, l’architecture et les proportions, le patronage et la coupe. « C’est simple, je voulais tout apprendre ! »
Elle n’a que 22 ans quand elle ouvre son atelier parisien. « C’est ici que tout se passait, que les choses paraissaient si faciles. Ici aussi que je pourrais tracer mon chemin, car il n’y avait qu’à Paris qu’un couturier établi allait chercher lui-même son café et se battait comme un chien pour faire décoller sa marque. »
Très vite, le Gotha de la mode s’entiche de cette magicienne qui pense en trois dimensions, de cette jeune couturière aux doigts de fée qui sait transformer les premières esquisses en pièces magistrales, et restituer avec la précision d’un géomètre leurs rêves les plus fous.
C’est que Meral a ce talent rare de « voir » le vêtement : « Je ne travaille jamais à plat. Tout de suite, je prends ma toile, je dessine les axes et je les place sur le mannequin de bois, construisant en volume ce que le dessin ne fait que suggérer. »
Ses premiers clients s’appellent Jean-Charles de Castelbajac et Isabel Marant, Junko Shimada et Hanae Mori, les flamboyants stylistes de ces années 80 et 90, où faste et créativité embrasent la mode française.
Elle sera aussi, pendant ces décennies magiques, et toujours dans l’ombre, le bras droit de sa comparse Ece Ege, alias Dice Kayek, la styliste turque la plus célèbre hors de ses frontières.
Avec Cotoni, le nouveau label de loungewear chic qu’elle vient tout juste de lancer, on la découvre enfin sous la lumière. Cotoni, c’est son rêve éveillé, et son manifeste. La réminiscence d’une enfance heureuse, et de ses voyages à travers le monde.
De ses échappées loin de sa tribu – Kemal, l’homme de sa vie, Can, Seren et Solenn ses trois enfants -, Meral a retenu une leçon simple : il est toujours bon de revenir chez soi et de s’y sentir comme dans un cocon.
Cotoni est né de cela, et de ce regard hybride, puisé dans les eaux calmes du Bosphore, à la croisée de toutes les influences.
Pureté japonaise, art de vivre oriental et allure parisienne, ou le triptyque gagnant d’un label plus contemporain que jamais, par ses valeurs d’élégance indoor, de mixité de vestiaire, et de durabilité.
« Je revois mon père cousant de beaux costumes que l’on gardait toute une vie » se souvient Meral. Pour honorer son héritage, elle est allée chercher les plus beaux cotons de la terre sur les rives de la mer Egée, là où la fibre est la plus pure car non transformée génétiquement.
On s’enroule dans ses draps de bain aux noms évocateurs avec délice et gourmandise, on se glisse dans ses peignoirs et ses pyjamas aux coupes parfaites avec une sensation étrange et merveilleuse, « celle d’entrer dans un nuage. »
« En créant cette première collection, j’ai beaucoup pensé à la peau des bébés » conclut Meral. Avec Cotoni, c’est sûr, on vivra une expérience essentielle.
CHRISTIAN MARQUIS
PDG DE COMBLES D’EN FRANCE
(2022 – 600 mots)
« Vous avez changé notre vie ! » Cette petite phrase, entendue dans un salon professionnel un jour de 2012, pourrait à elle seule expliquer pourquoi Christian Marquis, l’heureux PDG de Combles d’en France, se lève chaque matin de si bonne humeur. Car pour cet homme de terrain au regard clair et rieur pour qui la seule clé de lecture dans l’existence, c’est « la valeur humaine », les mots ont un sens. Ceux-là auront pour lui l’effet d’un uppercut : « J’ai pris conscience qu’en transformant l’habitat de nos clients, en leur permettant d’offrir de belles chambres à leurs enfants, de se faire plaisir avec un nouveau dressing, d’accueillir chez eux un étudiant ou un parent âgé, en agrandissant l’espace, et en valorisant leur patrimoine, on leur rendait aussi la vie plus belle, et ça, croyez-moi, c’est une sacrée responsabilité ! »
LA FORCE DU COLLECTIF
Dans la bouche de Christian, ce n’est pas rien… Lui qui scelle chaque contrat comme si son intégrité en dépendait, fier de cette confiance conquise à chaque étape de son parcours professionnel. De MAES cie., PME de peinture industrielle, dont il devient directeur général adjoint à 30 ans et des poussières, jusqu’à Combles d’en France qu’il dirige depuis 2011, en passant par SATA, entreprise en déclin qu’il redresse en 5 ans, ou encore Rouen Normandy Invest, l’agence pour le développement économique de l’agglomération de Rouen, dont il sera le secrétaire général pendant 4 ans, partout le même schéma se répète, celui d’une ambition partagée, d’un groupe soudé comme un seul homme.
UN PARCOURS QUI NE DOIT RIEN AU HASARD
Fier aussi du chemin parcouru depuis son Amiénois natal, où il grandit dans le terreau fertile d’une famille aimante, dans laquelle travail et loyauté à l’entreprise sont érigés en valeurs cardinales, et où tout est possible pourvu qu’on s’en donne les moyens. « Adolescent, mon projet de carrière, c’était prof d’anglais » se souvient-il dans un sourire. Mais, comme souvent dans son histoire, c’est un bon génie – sa conseillère d’orientation en fin de terminale – qui l’aiguillera sur une autre piste, celle de la prépa HEC. Dès lors, il mettra tout en œuvre pour honorer l’éducation qu’il a reçue, la confiance qu’on a placée en lui, et il gagne l’âge adulte, le beau diplôme de l’ESC Rouen en poche. Dans la foulée, et dans la même communauté d’esprit, il bâtit sa famille – deux enfants maintenant adultes – avec Nathalie, sa « petite femme » depuis plus de trente ans.
EXIGENCE ET TRANSPARENCE
Si vous habitez la Normandie ou ses environs, vous l’avez sûrement déjà croisé… Quand il n’est pas rivé à son bureau, sa « tour de contrôle » d’où il pilote sa belle entreprise qui rayonne sur 5 départements alentour, et le réseau national Combles d’en France, Christian court les salons professionnels. Jamais avare d’une poignée de mains, il vous embarquera dans sa vision du métier de charpentier, où chaque geste s’inscrit dans une perspective qui rend forcément modeste : « C’est par excellence l’ouvrage du temps long, celui qui sera encore là quand on n’y sera plus ».
On le rencontre aussi dans les concerts de rock, ou de pop, et les studios d’enregistrement, où il vient faire le plein de bonnes ondes, « reprendre un shot d’énergie ». Parce que la musique, dit-il, est l’autre fil rouge de sa vie depuis l’enfance, lui qui saisit toutes les occasions de s’asseoir derrière un clavier, d’attraper une guitare ou un micro.
Combles d’en France est à son image. Une société où l’on travaille dur mais où chacun a trouvé sa place, reconnu pour ce qu’il est, dans un collectif où s’expriment à la fois le bien-être et la rigueur. « Un patron sans son équipe ne sert à rien » a-t-il coutume de répéter. Le miroir qu’il tend à la sienne est celui d’un boss responsable, exigeant et transparent. Comme la vision qu’il a de la vie et des rapports humains.
COMBLES D’EN FRANCE
LAURENCE PHITOUSSI
FONDATRICE DE LAURENCE PHITOUSSI COMMUNICATION
(2020 – 700 mots)
Difficile de capturer Laurence Phitoussi en quelques lignes, cette belle femme brune au yeux d’encre et à la voix profonde, qui dit aimer les « textes compacts et les idées synthétiques ».
Difficile surtout de vouloir ranger dans une seule catégorie le parcours aux virages multiples de cette « pro de la com » – telle qu’elle apparaît un peu hâtivement sur son CV – qui, en faisant la lumière sur les autres, a souvent choisi de rester dans l’ombre, « parce qu’en écoutant, on apprend bien davantage… »
Quand Laurence déroule le fil de son histoire, ou plutôt de ses histoires, se dessine une vie qui s’écrit avec un grand V et un S à la fin. Une vie où tout s’entremêle, sa famille, son métier, ses origines, sa religion, ses passions.
A 18 ans, elle se rêve infirmière psychiatrique, « au chevet des patients », mais c’est à la tête d’une agence de relations publiques qu’on la retrouve quelques années plus tard, le budget d’un seul client pour tout viatique, « mon premier vrai parrain professionnel, se souvient-elle, devenu un ami de trente ans, qui m’a confié la com de Breitling, et le bureau qui allait avec. » Première bifurcation, entre le rêve initial et la réalité : « J’aimais trop l’idée de la transversalité, je voulais rester libre, changer de sujet tout le temps. »
Chez Laurence Phitoussi Communication, elle devient Miss Phit, embrasse le monde de l’entrepreneuriat, travaille quinze heures par jour, développe Mod Pass, la première agence digitale, écrit un livre sur le phénomène des blogueuses, et s’engage en parallèle dans le monde associatif (Sida Info Service, Journée Nationale pour la Prévention du Suicide, entre autres.)
« J’ai adoré cette vie très remplie, fait de sublimes rencontres, touché à tous les sujets, de la haute horlogerie au whisky en passant par le parfum, la mode, l’université de Jérusalem, ou des événements comme les Femmes en Or ou le Rallye des Gazelles. » Ses idées font mouche, son enthousiasme aussi, et ses clients deviennent le plus souvent des amis.
Mais son rêve de jeune fille la taraude encore. En tenant ferme les rennes de sa petite entreprise, qui emploiera jusqu’à 12 personnes au temps forts, la voilà qui s’inscrit en psycho à Jussieu : « Un jour je serai psy, c’est ce que je me suis dit en reprenant des études à 40 ans, comme ça je pourrai travailler jusqu’à 70 ans ! »
C’est qu’une idée centrale la tient, inscrite en elle comme une carte mère : tout reste à vivre, rien n’est jamais figé, elle qui dit ne pas avoir la notion du temps, et qui aime tant les portes ouvertes et les nouveaux apprentissages.
« Plus j’avance, plus je me sens nomade » souffle-t-elle. Jamais en retard d’un mouvement contemporain, en veille perpétuelle, elle marche en écoutant des podcasts, travaille chaque jour dans un grand espace de coworking entre une anthropologue de la consommation et un développeur canadien, poursuivant son chemin, tissant de nouveaux liens.
S’il est un mot qui reviendra sans cesse en parlant avec elle, c’est celui de transmission. Tout converge vers ces douze lettres-là. Transmettre, d’abord parce qu’elle est maman d’une petite fille de sept ans : « A la naissance de Guilah, j’ai décidé d’écrire un livre de cuisine. Je bossais comme une dingue, et je faisais appel à un traiteur chaque vendredi soir pour le dîner rituel du Shabbat… J’ai eu cette idée en forme de blague et La cuisine du Shabbat en 30 minutes est sorti, bientôt suivi par La cuisine Shabbat Light et La cuisine des fêtes juives. »
La plateforme d’enseignement et d’échange Akadem lui confie une émission sur la transmission par la cuisine, avec l’idée qu’il n’y a rien de tel que la préparation d’un plat pour faire vivre un patrimoine de génération en génération. « Mon père, né à Constantine en Algérie, est rentré en France sans pouvoir nous transmettre la langue car nous parlions en français. J’ai réalisé que mon seul héritage, c’était dans mon assiette qu’il se trouvait… »
Une nouvelle exploration qui ne fait que commencer car Laurence pense déjà à la suite : « J’aimerais développer des ateliers où la cuisine ferait office de thérapie. Une scène m’a beaucoup marquée dans le très beau film Les sept jours de Roni Elkabetz, ce moment où, réunies dans la cuisine, les femmes livrent tous leurs secrets en pétrissant du pain. »
Un projet, un de plus, mais qui, à bien y regarder, les contient tous un peu. Ainsi va la vie de Laurence…
Lire ce portrait sur le site de
LAURENCE PHITOUSSI COMMUNICATION
ISMÈNE PRADAL
FONDATRICE DE GAÏA, COACHING PROFESSIONNEL
(2022 – 650 mots)
J’ai toujours eu l’intuition que je deviendrais coach un jour. Cela m’est apparu très tôt, telle une évidence. Mais il m’a fallu quelques détours – qui, avec le recul, m’apparaissent comme une période initiatique nécessaire – pour qu’enfin, un beau matin, je me dise « Tu n’es pas là où tu devrais être » et que je décide d’embrasser ce métier – cette vocation ! – pleinement et exclusivement.
J’ai amorcé mon parcours sans trop me poser de questions, en mode presque « automatique » : le beau diplôme de l’ESSEC en poche, et un début de carrière, prévisible et sans accroc, de stages en CDI, dans les grands groupes et les startups.
Et puis j’ai eu mon premier enfant. Et la maternité m’a ouvert les yeux : ma place n’était plus en entreprise. Et même si je réalise aujourd’hui combien ces années ont été formatrices et enrichissantes, j’avais ce désir profond de m’approcher au plus près de la dimension humaine des choses.
D’ailleurs, les gens qui me connaissent bien m’ont toujours appelée « la coach ».
Pour mon oreille attentive, ma bienveillance inépuisable, ma perspicacité et ma capacité à aider l’autre à trouver ses propres solutions en analysant, questionnant, confrontant la situation.
NOUVEAU DÉPART
Après quelques années chez Procter & Gamble, puis Coty, où j’occupais des fonctions commerciales et managériales, j’ai amorcé un premier virage en intégrant une startup dédiée à l’univers médical et au service à la personne, sujets qui collaient déjà plus à mes aspirations. Et puis, le covid est passé par là, j’ai attendu mon deuxième enfant et les choses se sont accélérées : réorganisation de l’entreprise, deuxième enfant…
C’était le moment ou jamais pour prendre un nouveau départ, me former à ce métier qui m’attirait tant, et transformer mon rêve de toujours en réalité. Dix ans dans l’entreprise m’avaient donné un bon bagage, et la maturité indispensable pour adopter une vraie posture de coach.
J’ai obtenu la certification Coach Professionnel de l’IFOD un an plus tard et je me suis lancée, baptisant ma société Gaïa, clin d’œil à mes origines et du nom de la déesse grecque de la fertilité, la Terre-Mère. Car le coaching, c’est cela : un accouchement de soi. En faisant le choix d’être accompagné par un coach, on se donne la possibilité – l’autorisation, surtout – d’avancer de nouveau, de se remettre en mouvement pour faire éclore quelque chose de plus grand et de plus vrai.
Aujourd’hui, je sens que toutes mes qualités sont libérées et mobilisées dans cette action vertueuse, et c’est exaltant !
UN CADRE RASSURANT QUI FAVORISE LE MOUVEMENT
Que ce soit en accompagnement individuel ou en accompagnement d’équipe, je conçois mon rôle comme celui d’une présence sans jugement et sécurisante, bien sûr, mais surtout très énergisante.
Lors des coachings individuels, j’accompagne celles et ceux qui se trouvent face à un mur de questions sans réponses qui les plonge dans un blocage professionnel. La clé d’entrée est toujours professionnelle, même si, inévitablement, nous abordons très souvent des sujets plus personnels.
J’aime tout particulièrement travailler avec les femmes parce qu’elles ont, je trouve, plus encore que les hommes, besoin d’être soutenues dans ce parcours du combattant qui met à l’épreuve leur confiance et leur assertivité.
Ma nature enthousiaste et joyeuse me pousse à des échanges qui font circuler les émotions. Et c’est dans cette dynamique émotionnelle partagée, dans l’expression et la verbalisation de ce qui se déroule pendant nos séances, que chacun, chacune peut se reconnecter à ses propres forces, et se donner en quelques semaines les moyens de construire un futur professionnel qui lui ressemble.
Je sais qu’un coaching est réussi quand je peux m’effacer, que le mouvement est enclenché, et que la personne peut continuer son chemin en toute autonomie.
GAÏA COACHING PROFESSIONNEL
OLIVIER WEISSE
FONDATEUR DE WEISSE VOYAGES
(2020 – 200 mots)
Olivier Weisse est un homme en mouvement perpétuel, aimanté par la route et l’aventure. En quête d’images autant que d’émotions, voilà 30 ans que ce Petit Prince, parvenu à l’âge adulte, tourne autour de la terre comme autour d’une idée fixe : découvrir, rencontrer. Car le voyage ne vaut selon lui que s’il promet autre chose. « Contempler, c’est à la portée de tous. Ce qui fait la différence, dit-il, c’est le coeur. »
Du nord au Sud et d’Est en Ouest, Olivier chemine tel un chercheur d’or, à dos de chameau ou en décapotable, seul ou en famille, sillonnant le globe pour en extraire pépites et expériences inédites. Et façonnant des itinéraires, comme on élabore un vêtement sur mesure, pour des clients qui le plus souvent deviennent ses amis.
De la première à la dernière heure d’un périple, qu’il soit de quelques jours ou de plusieurs mois, Olivier aura pensé à tout, rien n’échappe à son regard d’esthète. Ici la douceur d’un drap ou le parfum d’une chambre, là le tombé d’un rideau ou la sonorité d’une pièce.
Un amour du détail qui confine à l’obsession. Car c’est aussi l’une de ses convictions profondes : le voyage est un Art.